Dans les jours qui suivent la naissance une sécrétion se produit dans
les tubulo-alvéoles des lobules avec parfois écoulement aux mamelons (« crise
néonatale »). La régression se fait en une à deux semaines.
Pendant l'enfance et jusqu'à la puberté, le système canaliculaire excréteur
de la glande mammaire est rudimentaire et les tubulo-alvéoles sont absents.
6.3.2.2 À la puberté
A la puberté, la sécrétion hypothalamique de Gn-RH entraîne la sécrétion
par l'adéno-hypophyse de FSH et de LH. Ces dernières déterminent des modifications
ovariennes qui seront responsables de celles portant sur les voies génitales
(cycle menstruel). Lors des premiers cycles menstruels, sous l'influence
de la sécrétion des oestrogènes ovariens, les glandes mammaires se développent :
la prolifération canaliculaire s'accompagne d'un important développement
du tissu conjonctif interlobaire et interlobulaire ainsi que d'une multiplication
des cellules adipeuses.
6.3.2.3 En période d'activité génitale « au
repos »
En dehors de la grossesse et de l'allaitement, les glandes mammaires
restent « au repos ». Seuls quelques tubulo-alvéoles peuvent
se développer au cours de la deuxième partie du cycle sous l'influence
de la progestérone. En l'absence de grossesse, ces tubulo-alvéoles involuent.
La glande mammaire humaine normale subit durant le cycle menstruel une
séquence bien définie de modifications histologiques tant dans les structures
épithéliales que dans le stroma. La matrice extra-cellulaire joue un rôle
central en modulant une grande variété d'événements cellulaires, comme
la prolifération, la différenciation, l'expression de gènes.
6.3.2.4 Pendant la grossesse
La sécrétion du lait, fonction de la glande mammaire (glande annexe de
la peau), est physiologiquement liée à l'allaitement du nouveau-né et
du nourrisson par sa mère : elle a pour finalité de nourrir le nouveau-né
et d'assurer sa défense immunitaire. En dehors du cas particulier des
nourrices, l'allaitement est donc chronologiquement lié au post-partum.
Le développement mammaire et son contrôle
Au cours de la grossesse, les tubulo-alvéoles de la glande mammaire se
développent et sécrètent le colostrum (c'est la mammogénèse). Pendant
la première moitié de la grossesse, sous l'influence des stéroïdes sexuels
et tout particulièrement de la progestérone, les ramifications terminales
du système canaliculaire prolifèrent et de très nombreux tubulo-alvéoles
glandulaires se développent. Dès les premiers mois de la grossesse, sous
l'influence de la sécrétion de prolactine, les cellules glandulaires des
tubulo-alvéoles commencent à sécréter un produit riche en protéines et
pauvre en lipides : le colostrum.
Le rôle des facteurs de croissance produits localement, agissant de manière
auto/paracrine, est particulièrement important dans le contrôle du développement
mammaire.
Une modulation de la réceptivité des cellules épithéliales permet également
une croissance mammaire tout en freinant l'induction de la sécrétion lactée.
Ainsi l'EGF et son homologue le TGF-alpha réduisent le nombre de récepteurs
à la prolactine.
Le tissu conjonctif et en particulier sa matrice extra-cellulaire jouent
un rôle important.
Les adipocytes sécrètent des facteurs favorisant la ramification des
canaux excréteurs et l'organisation des tubulo-alvéoles ;
la matrice extra-cellulaire induit l'organisation polarisée des cellules
épithéliales mammaires ;
la sécrétion d'inhibiteurs des collagénases par les cellules myoépithéliales
favorise la stabilisation de la matrice extra-cellulaire. Cette stabilité
inhibe la prolifération épithéliale. L'action des oestrogènes favorisant
la dégradation de la matrice extra-cellulaire par les protéases, lève
donc cette inhibition ce qui permet la multiplication des cellules épithéliales.
6.3.2.5 Lors de l'allaitement
Pendant la grossesse, la sécrétion lactée est inhibée par la progestérone
ainsi que par l'EGF et le TGF-ß produits localement.
Lactogénèse
La lactogénèse, ou « montée de lait » s'effectue dans les
jours qui suivent l'accouchement, grâce à l'accroissement de la sécrétion
de prolactine et au renversement de l'équilibre progestérone/prolactine.
On assiste à la transformation des cellules présécrétrices en cellules
sécrétrices, sous l'effet principalement de la prolactine.
Jusqu'à l'accouchement, l'action de maturation de la prolactine sur
les cellules épithéliales mammaires est inhibée par l'action de l'hormone
placentaire lactogène et des stéroïdes sexuels d'origine placentaire.
D'autre part, la production de PIF (Prolactine Inhibitor Factor) par
l'hypothalamus inhibe également la production de prolactine adéno-hypophysaire.
Au moment de l'accouchement, l'action de la prolactine est libérée par
arrêt des sécrétions placentaires et inhibition de la synthèse du PIF,
inhibition entretenue par la tétée.
Dans les cellules épithéliales tubulo-alvéolaires, sous les effets de
la prolactine associée à l'hormone de croissance, à l'insuline, à l'IGF1
et au cortisol, les organites intracellulaires (REG, Golgi, mitochondries)
deviennent plus nombreux. Les jonctions à l'apex des cellules épithéliales
deviennent serrées et l'augmentation de l'AMP cyclique intracellulaire
entraîne une augmentation de la transcription en ARN et la phosphorylation
des protéines du lait par activation des protéines kinases. La production
lactée de l'ordre de 1 à 2 litres par 24 heures est principalement sous
le contrôle de la prolactine hypophysaire, cependant l'insuline est
nécessaire à la production de la partie protéique (caséine).
Le lait est composé
d'eau et de sels minéraux,
de protéines dont les caséines, les immunoglobulines,
des facteurs antibactériens (lactotransferrine et lysozyme). Les
immunoglobulines du lait sont principalement des IgA sécrétoires
dirigées contre les antigènes bactériens ou viraux d'origine intestinale.
Les lymphocytes spécifiques de ces antigènes, à l'origine des plasmocytes
sécrétant les IgA, proviennent du tissu lymphoïde intestinal qui
après activation migrent et colonisent la glande mammaire. Le tissu
lymphoïde de la glande mammaire appartient au tissu lymphoïde annexé
aux muqueuses. Les IgA sécrétoires produits par les plasmocytes
s'associent à la pièce sécrétoire synthétisée par la cellule épithéliale
et sont libérés dans la lumière des tubulo-alvéoles sous forme d'IgA
sécrétoires.
de carbohydrates dont le lactose qui n'est synthétisé
que par la cellule mammaire,
de lipides, exclusivement sous forme de triglycérides,
synthétisés essentiellement par la cellule mammaire.
Mérocrinie et apocrinie
La cellule tubulo-alvéolaire libère ses produits de synthèse par deux
mécanismes de sécrétion différents :
les protéines du lait sont synthétisées dans le réticulum
endoplasmique granulaire, particulièrement abondant, empaquetées
dans l'appareil de Golgi, très volumineux, et libérées par exocytose
(sécrétion mérocrine) ; le lactose, synthétisé grâce à la lactosynthétase
à partir du glucose et de l'UDP-galactose, s'accumule dans les vésicules
golgiennes et est sécrété en même temps que les protéines ;
les lipides du lait, regroupés sous forme de petites
gouttelettes dans le cytoplasme, fusionnent ensuite et se déplacent
sous forme d'une gouttelette plus volumineuse dans la région apicale
de la cellule. Elles se détachent du pôle apical enveloppées d'une
partie de la membrane cellulaire et d'une mince couronne cytoplasmique
(sécrétion apocrine).
Les tétées
La succion des mamelons lors des tétées a une double conséquence réflexe :
Sécrétion de prolactine : l'entretien de la sécrétion
lactée pendant la période d'allaitement (galactopoïèse) est lié
à un réflexe neuro-hormonal dont le point de départ est la succion
du mamelon et le résultat une sécrétion de prolactine par l'adénohypophyse.
Sécrétion d'ocytocine : la succion du mamelon déclenche
la sécrétion réflexe d'ocytocine par l'hypothalamus. L'ocytocine
entraîne la contraction des cellules myoépithéliales entourant les
cellules sécrétrices et donc l'éjection du lait lors des tétées.
Après le sevrage
L'involution de la glande mammaire se produit lors du sevrage. La
production lactée se maintient pendant le temps où ont lieu des tétées
(plusieurs mois, voire plusieurs années). La suppression des tétées
entraîne l'arrêt de la production réflexe de prolactine ; d'autre
part, l'engorgement par accumulation de lait diminue l'accessibilité
des cellules myoépithéliales à l'ocytocine. Enfin, un facteur protéique
s'accumulant dans le lait inactive transitoirement les cellules épithéliales.
Du fait de l'accumulation du lait, l'épithélium mammaire se disloque,
des enzymes protéolytiques et en particulier des gélatinases sont activées.
La matrice extracellulaire est démantelée et les cellules épithéliales
s'engagent dans un processus d'apoptose. L'arrivée massive de macrophages
termine la dégradation du tissu sécréteur. Après quelques jours, la
glande mammaire a repris sa structure de repos, sans toutefois retrouver
exactement son état antérieur, car beaucoup des tubulo-alvéoles formés
pendant la grossesse ne disparaissent pas entièrement.
6.3.2.6 Après la ménopause
Il se produit une involution progressive du système canaliculaire et
des tubulo-alvéoles restants. Le tissu conjonctif devient plus dense et
homogène, l'épithélium s'atrophie et une dilatation kystique des canaux
persistants survient fréquemment.